J'étais content de ces retrouvailles imprévues avec une ancienne maîtresse. C'était si soudain, si improbable. Rien n'avait changé. Elle était toujours aussi séduisante et son appartement pareillement agréable. La première fois, après la représentation où je l'avais croisée par hasard au bar du théâtre, elle m'avait proposé de me raccompagner — d'accord c'est sympa — embarqué dans sa gigantesque automobile américaine, puis en cours de route suggéré de boire un dernier verre chez elle, c'est comme ça qu'elle avait dit, j'avais trouvé ça un peu vieux jeu comme expression mais j'avais quand même dit oui. Il m'est arrivé quelquefois de me faire enlever et j'ai toujours adoré ça, parce qu'au fond ça rend la suite bien plus simple et donc elle m'avait emmené dans son quartier résidentiel. Cette fois-ci je ne sais pas comment je m'étais retrouvé chez elle mais notre nuit d'amour avait été beaucoup plus torride que la première fois. D'ailleurs la première fois elle ne l'avait pas ėtė. Juste amicale, complice, mais somme toute assez raisonnable. Alors que là, vraiment oui quelle nuit ! Et puis toutes ces pizzas là qui flottaient dans sa chambre au-dessus de nous ! Très fines et odorantes ! Pourtant c'est seul — certes vigoureux comme un jeune homme au matin et c'est toujours bon pour le moral — mais seul que je me suis éveillé, surpris d'être là, chez moi, simplement chez moi. Le même mur en face les mêmes livres. Comment s'appelait elle déjà ? Je cherche je cherche j'ai beau chercher je ne trouve pas j'essaie de me concentrer ça ne vient pas du temps passe et toujours rien j'en suis au troisième bulletin d'informations matinal, où l'on parle de l'encellulement individuel inscrit dans la loi française depuis 140 ans et jamais appliqué dans les prisons de ce pays, trois fois qu'on me recommande aussi de voir un certain spectacle parrainé par la station pré-programmée de mon réveil-radio, et je ne parviens toujours pas à me souvenir du nom de cette femme. De ses gestes oui, de ses mots, de ses demandes, de son visage de sa voix et de quelques singularités anatomiques mais son nom, c'est quoi déjà son nom...
Un blog écrit en français, avec des photos des collages des dessins, des créations digitales, des récits de rêves, des chroniques des microfictions et encore bien d'autres bizarreries... A blog written in french with photos, collages, drawings, digital paintings, dream stories, chronicles, microfictions and a few other oddities.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Publications les plus consultėes cette année
-
Voilà, lundi dernier , en revenant de l'hôpital, nous avons, ma fille sa mère et moi, traversé à pied, le pont de Saint-Cloud, le cœur...
-
Voilà, en février 1942, Stefan Zweig poste à son éditeur le manuscrit "Le monde d'hier, souvenirs d'un Européen" tapé pa...
-
Voilà un jour singulier aujourd'hui tant espéré durant ces six derniers mois un jour de délivrance je suis si heureux si désemparé...
-
Voilà Rien d’autre aujourd’hui Que d’aller dans le printemps Rien de plus. Yosa Buson shared with thankful thursday - skywatch fri...
-
Voilà Je joue parfois à m'atteindre. Je fais avec celui que je fus et avec celui que je serai la course de celui que je suis. Parfo...
-
Voilà, j'ignore qui repose sous cette tombe ni si les coquilles d'huîtres sont destinées à demeurer dessus. Je me suis beaucoup q...
-
Voilà, près du bosquet, là-bas, peut-être dénicherait-il un coin pour s'asseoir boire s'assoupir un temps, oublier. Mais impossibl...
-
Voilà, ces derniers temps j’écoute en boucle le premier album de Steely Dan, que je ne connaissais pas et que j'ai découvert que très...
-
Voilà, "si les abeilles disparaissaient de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre". Cette citation, ...
-
Voilà, non loin du musée Picasso, au 78 rue vieille du temple, dans le cadre d'octobre rose, campagne annuelle de communication destin...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
La modération des commentaires a été activée. Les commentaires ne seront publiés qu'après approbation de l'auteur de ce blog.