samedi 6 juillet 2013

D'un baiser volé dans la foule


Voilà,
en regardant ces deux là s'embrasser au milieu de la foule elle se demande si parfois ils échangent des paroles tendres, des mots d'amour. Sans doute ont-ils encore l'âge et la naïveté de dire qu'ils s'aiment. Pour sa part, elle est éprise d'un homme qui se tait. Elle sait un peu de son histoire par ce qu'il a bien voulu lui en dire (car il est assez secret), et il lui semble bien avoir compris qu'il ne peut plus. Que certains mots ont pour longtemps (ou peut-être à jamais) disparu de son vocabulaire. Pourtant il est doux, attentif avec elle, lui prodigue des tendresses que peu d'autres ont eu à son égard, et d'une certaine façon lui révèle son corps autrement qu'elle ne le connaissait. Parfois il répond aux messages qu'elle lui adresse quand elle ne peut s'empêcher de partager ce qu'elle éprouve et lui dire combien elle tient à lui. Il prend acte, répond de façon très douce et élégante, avec infiniment de tact, exprimant son regret de ne pouvoir dire plus ou mieux et son incapacité à donner les réponses qu'elle souhaiterait peut-être. Elle suppose qu'il a cru autrefois, mais que des douleurs sont encore à vif, qu'il n'est pas encore dans la paix des cicatrices. Mais au fond elle sait que c'est lui qui a raison. Tant d'espérances, d'espoirs insensés d'histoires d'amour commencées dans l'ivresse du sublime et qui s'achèvent tristement en mesquines et souvent sordides tractations dans le bureau d'un juge avec des histoires compliquées d'argent et de garde d'enfants souvent transformés en otage, tout cela bien sûr n'incite guère à filer des métaphores amoureuses. Alors elle s'en veut de céder parfois à cette sorte de sentimentalisme si peu conforme aux usages de ce temps. Mais qu'importe, s'il ne peut lui promettre quoi que ce soit, elle goûte avec délice le présent qu'il lui offre. Après tout Léonore Cortese regarde avec amour et bienveillance cet homme meurtri. Et la façade de rires qu'il s'est bâtie pour se protéger la touche au-delà de toute mesure. Maintenant il commence à la présenter à ses amis. Parfois elle craint de se sentir comme une intruse parmi eux. Saura-t-elle faire bonne figure, mériter sa confiance et ne pas le décevoir ? Il suffit parfois de si peu. Un détail, une maladresse, un mot compris de travers, un silence embarrassant...

3 commentaires:

  1. Tu te souviens de la chanson de Brel "Orly"?
    " ...je crois qu'ils sont en train de ne rien se promettre"...j'y ai pensé, d'abord en voyant la photo, puis évidemment, en te lisant.
    Ne rien se promettre est-il si triste en soi?
    Beau dimanche Kwarkito, soleil, chaleur.
    Amicalement.

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    1. Ah non, je ne connaissais pas... enfin je l'avais vaguement entendue sans vraiment y prêter attention... ah oui c'est bien... c'est même très bien... c'est comme un court-métrage. merci à toi Colo, j'espère qu'il y a un peu de fraîcheur sur ton ile...

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  2. i think its good to be a little naive when it comes to love, so that it can happen....

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