mercredi 31 octobre 2012

La reine des abeilles

"La ruche" Bd Montparnasse (Octobre 2012)
Voilà
Sans le vouloir vraiment, un peu dans la manière de Lisette Model
L'occasion était trop belle qui jamais ne se représenterait

mardi 30 octobre 2012

Trois instants un regard

  


Voilà,
on les avait perdues de vue, jusqu'à presque oublier leur existence. Et puis elles surgissent au détour d'une page, sans rien avoir perdu du charme indéfinissable qu'on leur avait prêté au premier jour. Mais on en n'était pas sûr. On se disait "quelle drôle d'idée, parfois je photographie vraiment n'importe quoi" sans vraiment admettre, que s'y trouvait  quelque chose d'apaisant, de rassurant même : la simple beauté des choses au cœur du banal. C'était à Mussidan, en avril 2011 je crois...

lundi 29 octobre 2012

Rokia


Voilà,
Rokia Traoré donne à la radio un très émouvant entretien où elle parle non seulement de son travail mais évoque aussi son incompréhension concernant ce qu'il se passe en ce moment dans son pays le Mali. "Je ne comprends pas ce que veulent les gens de mon pays" dit-elle. Mais la question ne vaut-elle pas aussi pour ceux qui vivent ici en France ? Je me souviens la première fois où je l'ai entendue. C'était lors d'un festival de théâtre en plein air à Lanester, plus précisément à Kerhervy sur les bords de la rivière Blavet juste en face d'un cimetière de bateaux. La nuit tombait, les techniciens d'une troupe africaine installaient leur décor. Les enceintes diffusaient les chansons de son premier album. J'étais saisi par la beauté de cette voix. Voilà, il y avait la mer en face, le soleil couchant, la douceur de l'été et cette voix qui soudain transformait ce petit bout de Bretagne en un morceau de terre africaine.

samedi 27 octobre 2012

Soir de pluie

Blues trottoir
Voilà
dans ce nouveau quartier étudiant où jamais encore je ne suis venu en pareille saison, il pleut il fait froid. Des ombres passent parfois, d'un autre temps, parmi tous ces jeunes gens studieux. C'est donc ça le Paris de demain. Si les bâtiments ont encore l'attrait du neuf, il était d'ores et déjà visible que la maîtrise d'ouvrage a réduit les coûts au maximum. Tout ça vieillira mal, c'est probable.

vendredi 26 octobre 2012

Derniers rayons

Voilà,
hier il faisait beau et je suis passé par le jardin du Luxembourg en fin d'après-midi. Les ombres étaient longues et le sol jonché de feuilles mortes. Il y avait encore beaucoup de gens pour profiter du soleil d'automne. Ensuite changement d'ambiance. Je suis allé voir le documentaire de Werner Herzog "Into the Abyss", terrifiant tragique et sordide qui montre les conséquences d'une dérive folle de deux jeunes gens qu'un minable projet de vol de voiture transforme en assassins. Description de familles ravagées par le malheur, dans un Texas sinistre et inculte où les armes circulent et se multiplient comme les petits pains du nouveau testament, ou un sentimentalisme niais coexiste avec la violence et la barbarie. La force du film c'est que tous les protagonistes sont blancs de vrais WASPs, qui tour à tour, victimes ou bourreau, invoquent un dieu qui juge venge ou pardonne selon les convenances des uns ou des autres. Un transcendance cheap, une pensée archaïque dans un monde à la fois superficiel et sophistiqué où se révèle la misère morale et la décadence de l'homme blanc qui a tout sali sur son passage et particulièrement L'Amérique à jamais dévastée et irrémédiablement souillée depuis le génocide indien. Sorti de la salle de cinéma avec la désespérante sensation d'appartenir à une civilisation moribonde.

jeudi 25 octobre 2012

Falaise au matin

 

Voilà,
ce matin-là, ce sont les narines qui ont fait le cadre. J'étais à deux doigts de vomir, incapable de faire un pas de plus, tant la puanteur devenait excessive pour mon odorat européen et fin de siècle. En fait, ces fumures au loin sont dégagées par de la matière en décomposition. Sur ces falaises entre les maisons et l'Océan, on entreposait les ordures. Ça, l'image ne peut le transcrire. Le plus pénible avec la misère n'est pas de la voir, mais de la sentir. Plus exactement, le regard peut s'en détourner, mais il est impossible de ne pas être assailli par ses relents fétides. Paradoxalement, cette photo prise à Safi est un aperçu de ma propre limite. Et aussi un compromis acceptable, car après tout, elle me plaît.

mercredi 24 octobre 2012

Errant dans les ruines


Voilà
au lieu de la sensation de plénitude que j'avais autrefois éprouvée dans ce paysage - il avait alors semblé agir sur moi, comme un musicien qui, s'emparant d'un banal instrument, le révèle en quelque sorte à lui-même - je sentais sourdre une vague angoisse. La folie furieuse des hommes s'était aussi étendue à ce lieu que j'avais, à tort, envisagé comme un sanctuaire, et je ne comprenais pas comment moi, d'ordinaire si vigilant, j'avais pu venir ici en dépit de toutes les incitations qui, je m'en souvenais à présent, m'avaient étaient faites de ne point m'y rendre. Une odeur d'essence et de viande grillée flottait dans l'air, et les cigales ne chantaient pas. Il m'était arrivé déjà, de devenir invisible, mais c'était parmi d'autres gens qui n'étaient guère différents de moi. Là j'étais seul et la probabilité que ça marche était bien ténue. Je trouvais tout à coup fort intéressante cette hypothèse du chat de Schrödinger, à la fois mort et vivant. Ça offrait tout de même quelques perspectives. Et un peu de réconfort. Mais ni mort, ni vivant, ce qui était plutôt mon état, à bien y réfléchir, je ne courais finalement aucun risque. Cela faisait tant d'années que je passais inaperçu.
(Depuis les archives) 

lundi 22 octobre 2012

Été indien


Voilà,
cette douceur d'arrière-saison, cette quiétude même au cœur de la ville, cette sensation d'été indien, réclame un paysage. Alors ça sera cette baie de la Bidassoa sur laquelle donnait la dernière maison de Pierre Loti :  "Et ce grand calme silencieux de tout, cette tranquillité inaltérée de l'air, cette immobilité des lumières douces et des grandes ombres nettes, me donnent l'impression d'un temps d'arrêt dans le mouvement vertigineux des siècles, d'une réflexion, d'une immense attente,  - ou plutôt d'un regard de mélancolie jeté sur le passé, sur l'antérieur des soleils, des êtres, des races, des religions... Et dans le vide sonore, de temps à autres tintent les antiques cloches d'église, appelant mieux les hommes aux cultes défunts, pendant ces recueillements étranges ; Fontarabie, Hendaye, les couvents des moines, sonnent, sonnent, appellent, avec les mêmes timbres vieillis, les mêmes voix qu'aux siècles d'avant. Sur la Bidassoa, des barques d'allure lente passent d'une rive à l'autre, traînant après elles de longues rides alanguies... (in "Figures des choses qui passaient") Linked with skywatch friday

dimanche 21 octobre 2012

Après toutes ces années


Voilà
ça serait bientôt fini cette affaire, un dernier petit tour et on n'en parlerait plus, c'était décidé. Ses jouets il allait les enterrer pour de bon. Bien sûr, Augustin Tannat aurait pu prendre la décision de les donner, cela aurait été plus simple. Mais il était de ceux qui persistent à croire que les solutions les plus simples ne sont pas toujours les meilleures. Et puis d'abord les donner à qui ? De nos jours les enfants préfèrent l'électronique. Non, ses jouets avaient une âme, une histoire. Ou bien une sculpture, il en ferait une sculpture ou un pied de lampe. En les soudant les uns aux autres. Oui un pied de lampe c'était pas une mauvaise idée. Ils seraient toujours là, mais autrement. Quoiqu'il en soit, il trouvait juste de les faire voyager encore un peu, une dernière fois, profiter de cette belle journée pour les sortir leur faire prendre l'air. De temps en temps il se retournait sur eux avec affection, il était content de leur offrir ce bonheur à son gros tracteur en plastique, à ses camions, ses engins de chantier, son semi-remorque son véhicule de pompiers et la voiture de police. Rouler sur une vraie route, quand même c'était une belle récompense non après toute ces années ? 

samedi 20 octobre 2012

Esplanade

Beaubourg Juillet 2011

Voilà,
il pleuvait dehors et ce type jouait avec son chien de l'autre côté de la vitre
pour obtenir cet étrange effet dû à la pastille collée dessus 
il a fallu tout de même attendre un petit moment que vienne quelqu'un 
c'est alors que de façon inexplicable 
est remonté le souvenir des lettres que Nietzsche écrivait depuis Turin
avant qu'il ne sombre tout à fait dans la folie

jeudi 18 octobre 2012

Le livre aimé


Voilà,
ce que j'aimais de ce livre, et que j'aime encore par delà les années, c'était moins son contenu que son principe, son architecture si singulière. Sa couverture, abstraite et colorée et tellement identifiable, représente des griffouillis. En son envers figure en négatif (blanc sur fond noir) la reproduction manuscrite d'un bref avertissement de l'auteur, à la fois exergue et incipit "tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman". Puis la page de garde, avec les remerciements, et derrière une photo de sa mère un peu floue, prise sur une plage où j'ai aussi connu des jours heureux. Vient le titre du livre qui est aussi le nom de celui qui l'écrit. Ensuite agençant textes typographiés en italiques et photos évoquant une époque révolue quelques pages inaugurent paradoxalement l'ouvrage sous le signe de son achèvement "Voici pour commencer quelques images : elles sont la part du plaisir que l'auteur s'offre à lui-même en terminant son livre". Cette première section s'achève par une photo de palmier sur la page de gauche, et sur la page de droite, d'un poème d'Heinrich Heine, précédé d'une métaphore liant le palmier et l'écriture. Page suivante, une photo : l'auteur en imperméable allumant une cigarette. Ensuite le corps principal du livre rassemble une suite de fragments, nettement détachés les uns des autres, classés par ordre alphabétique où sont répertoriés et analysés tous les sujets que son auteur a abordés tout au long de sa vie passée. C'est une sorte de reader's digest ou plus exactement de "'author's digest" qui est d'ailleurs au principe même de la collection dans laquelle ce livre est édité. Il y a là d'ailleurs une singulière mise en abyme (terme qui d'ailleurs et le titre d'un de ces fragments), puisque finalement l'ouvrage est une collection de texte brefs, se renvoyant les uns aux autres. Et à l'intérieur même de ces fragments, s'insère un autre en italiques, qui opère comme une rupture et rassemble de plus petits paragraphes suggérant des souvenirs "des choses vues".  On se plaît à rêver d'une édition électronique avec liens hypertexte dont l'auteur disparu trop tôt aurait sûrement fait un usage pertinent tant il semble adapté à son fantasme de "textualité". Parcourant aujourd'hui, ce livre, je le considère avec tendresse. Le style est ampoulé, précieux souvent amphigourique à cause de sa volonté affichée de faire "scientifique", inévitablement narcissique (l'auteur s'y désigne même parfois à la troisième personne du singulier sous ses seules initiales) maniéré donc, mais cependant traversé de fulgurances saisissantes ("sidérantes" aurait-il dit). Mais il constitue un objet au charme encore puissant et somme toute toujours aussi mystérieux. Enfin sur la troisième de couverture, toujours en lettres manuscrites blanches sur fond noir cette conclusion en forme de profession de foi :
"Et après ?
- quoi écrire maintenant ? pourriez vous encore écrire quelque chose ?
- on écrit avec son désir, et je n'en finis pas de désirer"

mercredi 17 octobre 2012

Encore une main



Voilà,
la main s'accrochait à la barre, le regard à la main. Il en serait ainsi : de cette personne croisée un bref moment ne resterait que ce détail, qui finirait par effacer le souvenir du visage, par en prendre la place, toute la place. Pourquoi la main à cet instant précis a-t-elle semblé sous cet angle digne d'intérêt ? Est-ce parce qu'elle n'apparaissait pas tout entière ? Une rêverie s'est-elle une fraction de seconde ébauchée à son sujet ? Fascination des mains, qui caressent, qui relient, qui tâtonnent, infatigables travailleuses, toujours sollicitées, des tâches les plus nobles aux plus basses besognes, mains si souvent secourables à celui où celle qui en est maître....

lundi 15 octobre 2012

Mais il habite une ville

Rue de Grancey, Paris 2012
Voilà
depuis longtemps il sait ce qu'être perdu veut dire et que signifie ne trouver ni sa place ni son chemin. Et quoique il sache désormais que tout cela ne se prolongera guère - car de ce qui le tourmente et le ronge, on ne guérit pas - Benjamin Chelois s'obstine encore cependant à essayer de faire bonne figure, comme si de rien n'était. S'agit-il, alors même que son présent n'est plus que l'attente solitaire et sans espoir des premiers signes programmés d'un inévitable délabrement, de laisser à ses proches un masque présentable ou bien est-ce manière de maquiller la honte de n'avoir produit que cela, une existence terne, médiocre, sans relief, quand autrefois l'avait gagné l'ivresse de plus hautes prétentions ? Il lui arrive encore d'errer dans les rues, de temps à autre, pour le simple plaisir de marcher. Mais il habite une ville et les murs trop souvent semblent raconter des histoires auxquelles il préfèrerait ne pas trop songer. C'est ainsi : les choses laides abîmées décrépites n'ont plus pour lui l'attrait qu'il y trouvait autrefois.

Rue de Turenne, Paris

dimanche 14 octobre 2012

Rêve de pierre


Burano (1984) 
 
Voilà,
on a beau saluer une statue, elle vous ignore.
C'est Lao-Tseu qui l'a dit.
À ce qu'il paraît.
C'était pas le derniers des cons Lao-Tseu.
À ce qu'on raconte
Linked with the weekend in black and white

samedi 13 octobre 2012

Mort d'un Yéyé

Châlons sur Marne printemps 1964
Voilà,
il y a deux jours Frank Alamo est mort. Les yéyés à l'époque se fabriquaient des pseudos ridicules à consonance américaine. Quand j'avais six ou sept ans une de mes chansons préférées était celle-ci. J'ai vraiment honte maintenant. Je l'associe à ces deux années passées à Châlons sur Marne rebaptisée depuis Châlons-en-Champagne c'est plus chic, et à l'apparition de la télévision chez mes parents. Ils avaient fait l'acquisition d'un téléviseur - c'est ainsi qu'on disait à l'époque - Grammont, et comme ils n'étaient pas sûrs d'aimer vraiment ce nouvel objet, ils l'avaient dans un premier temps loué (il fallait mettre des pièces dedans pour qu'il fonctionne). Très vite, ils sont devenus addicts. Les années qui ont suivi, la boîte-à-rendre-encore-plus-con est restée de plus en plus souvent allumée chez eux. Dans ces années là, il n'y avait qu'une chaîne d'État. Le jeudi à midi, c'était "la séquence du jeune spectateur", "les aventures d'Ivanhoé", un feuilleton que j'adorais "Aventures dans les îles". Les émissions d'Albert Raisner "Age tendre et tête de bois", et aussi, le mercredi soir, "La piste aux étoiles" de Gilles Margaritis, et aussi Janique Aimée le feuilleton qui passait le soir juste avant le journal télévisé. C'est à cette époque que j'ai eu le droit de regarder un film en entier le dimanche soir, parce que j'avais la rougeole. C'était "Johnny Guitar" de Nicholas Ray. Je trouvais que l'actrice principale Joan Crawford  ressemblait à ma mère. Je n'étais déjà pas très physionomiste à l'époque. Sur la photo, devant cette tente militaire qui faisait partie du paquetage de mon père pendant la guerre d'Algérie, je suis en compagnie de Marie-Claire Trichaut (en vêtements clairs) dont j'étais secrètement amoureux comme on peut l'être à cet âge. Je ne sais plus si elle aussi aimait "biche oh ma biche".

vendredi 12 octobre 2012

Empty space


Voilà
rien un jour pour rien pas d'envie pas de désir pas d'idée 
juste une vague sensation de creux d'ennui 
d'absence de perspective 
et cette basse fréquence obsédante 
qui n'en finit pas n'en finit vraiment pas de vibrer

jeudi 11 octobre 2012

Boucherie Rue Brançion


Voilà,
c'était à la fin des années soixante dix, les abattoirs de Vaugirard étaient démolis, mais il restait encore quelques boucheries chevalines aux alentours. Ce jour là vers midi, il m’a semblé apercevoir des fantômes suspendus à des crocs de bouchers. Modiano a très bien évoqué l'atmosphère des abattoirs de Vaugirard dans un de ses livres, "Des inconnues" je crois mais je ne suis plus tout à fait sûr. Comme pour certains de ses personnages tout se mélange un peu dans mon souvenir. (Linked with The weekend in black and white)

mercredi 10 octobre 2012

L'aumône

Paris, rue de Rivoli, Octobre 2012
Voilà,
son maître s'était absenté, et le chien a vraiment bien joué le jeu. Je me suis mis à sa hauteur, j'ai pris le temps de cadrer, et lui un peu cabot (ah! ah! mais que se passe-t-il donc je suis très en verve ce matin) a pris la pose, demeurant immobile un long moment. Rien à redire, beau travail le chien, tu l'as bien mérité ta petite pièce.

mardi 9 octobre 2012

Regarder le mur, encore


 
Voilà,
on rêvasse, on veille à l'affût d'un indicible mystère, on voudrait traquer l’invisible pour le connaître ou mieux, pour qu’en surgisse le signe annonciateur d’une révélation qui abolirait la mélancolie. On aspire à se délivrer des anamorphoses de la pensée et des contradictions qui s'y enchevêtrent. Si du moins l'on pouvait comprendre tous les échanges secrets que celle-ci opère avec la nature.... On songe à tout ce qui a jailli de ce néant d'où la vie a émergé et où, irrévocablement, sans voix ni parole pour nommer ou appeler, on devra, on le sait, replonger tôt ou tard. Est-ce pour cela que, tel un fantôme, toujours en retard sur le mystère de l'idée naissante, on continue de se tenir à la lisière de soi, soucieux de saisir avec de trop misérables mots ce qui, à peine apparu, à peine constitué fuse et fuit aussitôt ? Peut-être que l’origine de la tristesse, c’est juste ça, ce pénible et permanent commerce avec le langage, cet ardent désir toujours contrarié de vouloir à toute force, en dépit de tout, s’y retrouver quand on ne peut que s’y chercher et s’y perdre. Vient un moment où, tandis que le Temps s’éparpille et se répand comme une tâche, l’on regarde le mur avec résignation. Alors, empli de la nostalgie du vide, du pur du clair de l’innommé, on se demande, s'il sera possible un jour de demeurer enfin dans la paix des choses..
(première publication 9/10/2012 à 12:00)

lundi 8 octobre 2012

Vente détail


Voilà,
parfois une sorte de sidération me saisit lorsque je m’attarde devant une façade ou à un coin de rue. Ainsi de cette vitrine, aperçue, au début de ce siècle, un matin, à Marseille, alors que je regagnais la gare St Charles pour y prendre un train. Elle suscita une sorte de nostalgie pour un temps qui avait existé sans ma présence, au point que j'en conçus presque le regret de n'y être pas né. Cette modeste devanture avec sa banalité quotidienne et son absence d’événement exigeait malgré tout de survivre. Aujourd’hui je pense à Jacques qui, lorsque ce cliché fut pris, était encore de ce monde, pouvait marcher, sortir et passer devant ce magasin pour se rendre à ce restaurant où je l'avais une fois accompagné. (Linked with the weekend in black and white - - weekend reflections)

samedi 6 octobre 2012

Portrait de groupe avec femme assise

Arrivée du tour de France, Champs-Élysées Paris 1983
Voilà,
les circonstances exigent qu'un peu d'ordre soit mis dans les photos. Celle-ci - assez réjouissante - à garder. Il y en a plusieurs comme ça, de gens debout sur des bancs assistant au défilé ou à l'arrivée du tour de France cycliste. Il est probable que ceux-ci doivent à présent être bien vieux et même pour certains bien morts. La représentation de personnes en train de regarder intensément quelque chose, ou bien en position d'attente m'a toujours paru très photogénique et porteuse de sens. Ce qui fascine là, c'est l'unité physique de ce groupe qui en même temps n'en est pas un puisque aucun des protagonistes ne regarde vraiment dans la même direction. Cette petite et éphémère communauté raconte quelque chose de l'humanité en général. Le hors-cadre pourrait être une métaphore du futur. On regarde ailleurs, on se projette plus loin, et c'est à peine si l'on se rend compte de ce qui advient au moment présent, ou bien on ne veut pas le voir.
Cette année là, le vainqueur de la grande boucle fut Laurent Fignon. Un coureur blond qui portait des lunettes. Il sprinte à présent dans l'Outremonde. Il est mort jeune, il y a un ou deux ans des suites d'un cancer vraisemblablement causé par les produits dopants que son organisme avait dû absorber durant sa carrière sportive.

vendredi 5 octobre 2012

Café Hafa

Tanger, Café Hafa 1991)
Voilà,
ce matin je ne sais pourquoi j'ai repensé au café Hafa, et aussi à G. qui était il y a peu de temps là-bas au festival de Jazz et que j'aimerais tant revoir. Je me suis souvenu du chien sur le toit, de l'homme paisiblement assis face au détroit, mais aussi de cette imperceptible langueur d'arrière-saison quand l'été semble s'attarder sur les terrasses, que le soleil décline à l'horizon et que les effluves de menthe et de kif se mêlent à la douce fraîcheur de la brise marine.

jeudi 4 octobre 2012

Deux Irlandais

Londres 1976
Voilà,
j'ai toujours supposé que ces deux hommes étaient des irlandais. Je n'ai aucune raison objective de penser cela, mais pour moi ils resteront toujours les deux irlandais sur un banc. Je me souviens à l'époque - c'était après le deuxième choc pétrolier - avoir, au cours de ce bref séjour, souvent, juste pour le plaisir de la marche, erré sans but dans la froide grisaille de cette ville sinistrée par la crise et abominablement triste. J'avais alors un vieil appareil photo allemand à visée reflex sur lequel était gravé exa, et en-dessous Ihagee Dresden. J'utilisais un objectif fixe de 50 mm. Linked with the weekend in black and white

mercredi 3 octobre 2012

La mare, l'église

 

 
Voilà,
encore un de ces "lieux poignants" ; c'était autrefois un coin paisible et une possibilité de bonheur, de retrait. Mais là-bas, depuis, l'agriculture intensive a tout sali, et pollué les alentours. Ceci est l'image d'un monde aboli. Il n'a suffi que d'une trentaine d'années. Je me souviens que pendant les vacances, j'allais, adolescent, demander à la propriétaire de la ferme voisine - une très aimable dame -, la lourde clé de l'église presque désaffectée, pour pianoter sur un vieil harmonium à bout de souffle. Et là, dans l'odeur de poussière et de salpêtre je m'essayais solitaire à de sommaires et maladroits accords. Temps suspendu ; s'évanouissaient alors peurs et incertitudes. Et douce était l'illusion d'avoir toujours appartenu à ces murs. (Linked with the weekened in black and white)

lundi 1 octobre 2012

Perspectives


Voilà,
cette nuit je crois que j'ai trouvé de nouvelles pistes à explorer. Peut-être un excès d'optimisme dû à cet état second suggéré par l'insomnie, semi-veille où pas encore tout à fait conscient, mais trop cependant pour retrouver le repos du sommeil, je m'efforce, en dépit de la fatigue, d'optimiser cet état. Comme souvent dans ces circonstances, je vais bidouiller des images sur mon ordinateur, tenter quelques expériences ou simplement mettre de l'ordre dans mes fichiers. De toute façon aujourd'hui était programmé comme un day off. Ce qui ne veut pas dire grand chose dans ma situation. De nouvelles pistes à explorer, comme si j'en avais les moyens... Il est à présent midi, je n'ai rien fait d'autre que me réveiller. Le temps passe trop vite en ce corps devenu très lent. Je tourne mes yeux vers le ciel. Les nuages m'apaisent. 

Publications les plus consultėes cette année