jeudi 15 novembre 2012

Cinema Atlantic


Voilà
le 30 janvier 1965 au matin, je me suis promené dans cette rue, qui a le nom très pompeux de Boulevard de la plage ou de l'océan je ne sais plus trop. Je m'en souviens très bien c'était un samedi, et la télévision retransmettait les obsèques de Winston Churchill. J'avais bien saisi qu'un grand homme disparaissait, mais bon, la guerre de 39-45 demeurait une abstraction. Comprendre le présent était encore pour moi une activité à plein temps. De toute façon les histoires que je me racontais alors en secret dans ma tête avaient bien plus d'importance et de nécessité. Et puis j'aimais déjà flâner seul. Le paradoxe, que je n'étais évidemment pas en mesure d'apprécier à ce moment là, tenait au fait que la chaussée de la rue où je marchais, formée de plaques de béton carrées se succédant les unes aux autres, avait été construite par l'Occupant allemand. Néanmoins c'était du beau travail. Vraiment du beau travail. Ces routes me fascinaient sans doute parce que je n'en avais jamais vu de telles auparavant. D'ailleurs cinquante ans après la fin de la guerre, certaines rues de la station balnéaire avaient encore le même revêtement. Je me souviens que j'étais seul. Il faisait un peu froid, il n'y avait personne dehors, et c'était comme si le monde me faisait don de ce moment dont la densité ne s'est pas altérée depuis lors. Chose curieuse, tout le temps où j'ai vécu là, je ne suis jamais allé au Cinéma Atlantic. Ou une fois peut-être, pour une sortie avec la classe de mon école, Ce n'est qu'en 1996, alors que je passais quelques jours là-bas, que j'y suis entré pour y voir un films un peu idiot qu'on ne regarde qu'en vacances ou par ennui à la télévision.

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