samedi 4 février 2012

Le Vicks, l'éternité et un jour


Voilà
au cours de cette nuit de fièvre et d'insomnie (épuisé je me suis peut-être couché trop tôt), j'ai réalisé - mais ce n'est là, évidemment pas la seule trouvaille -, qu'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours connu le Vicks. Le Vicks Vaporub (ah! ah! le jeu de mot). C'est peut-être ça, la substance qui me rapproche le plus de mon enfance, ce mélange de camphre de térébenthine d'eucalyptus et de thymol, dont on dit aujourd'hui qu'il peut être dangereux même pour les adultes. Je m'en fous. Aussi longtemps que je serai vivant, je continuerai à m'en badigeonner le thorax, à m'en mettre sur le front pour dégager les sinus, tout en veillant à ne pas me toucher le gland ou les paupières - à moins que mon aptitude au plaisir soit tellement émoussée qu'il me faille dans la douleur y  trouver un substitut ou un surcroît. Et s'il advenait que ma pensée en vînt à jouer les filles de l'air, j'aimerais qu'on me fasse alors respirer du vicks, juste pour agrémenter mon gâtisme de quelque réminiscences encore enfouies. Eh oui ! je n'ai que ça moi, je n'ai pas souvenir d'une maison qui sent le lait chaud et le jasmin humide comme le dit l'un des personnages de "l'Eternité et un jour". Ce film absolument envoûtant de Théo Angelopoulos, je ne l'avais jamais vu. Je l'ai donc regardé cette nuit, en quelques sorte, de l'autre côté de moi et, bien qu'éternuant et me mouchant souvent, dans un état intermédiaire où je n'ai cessé de stagner. J'étais parfois le corps qui n'obéit plus et dont le contour s'évanouit dans le miroir et parfois je devenais une ombre pillée par le murmure de ces voix étrangères. J'étais cet homme en gabardine errant parmi des paysages qui sont comme autant de questions, et qui se demande pourquoi il faut mourir en silence partagé entre douleur et désir. J'étais celui qui accompagne l'enfant (mais qui accompagne qui ?) jusqu'à une certaine frontière froide et terrifiante....


... et qui au détour d'une phrase raconte l'angoisse muette qui souvent me saisit lorsque je songe à toutes ces années passées.

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